Les Hayons et La Cornette furent deux foyers industriels très actifs aux XVII ème et XIX ème siècles.
Vers 1601, Florent de Hampteau fait construire un fourneau à La Cornette. Sa présence s’explique par la proximité de mines. Celles – ci donnaient un minerai de fer pauvre et cassant. Après avoir fourni du travail aux gens des villages environnants, ces mines furent abandonnées en 1725.
En 1603, Evrard LAMBERT de Bertrix s’installe à La Cornette et y fait construire un moulin et une scierie.
A l’origine, ce hameau est constitué de 7 maisons. Les ressources de La Cornette furent un moulin à grains, une scierie, une foulerie (apprêt de draps et de cuirs), une huilerie de faînes et une pilerie. C’est beaucoup pour ce hameau isolé.
Au début du 20 ème siècle, La Cornette possède encore une filature, une huilerie à faînes et une menuiserie.
Il y avait aussi à La Cornette des ardoisières et à Les Hayons des carrières qui ne servirent qu’aux besoins locaux.
Les forges des Hayons :
Le village est rendu célèbre par le Maka ( voir rubrique « Lieux-dits ») où travaillaient bon nombre d’ouvriers et dont l’activité cessa en 1926. Le site a pris le nom de son outil principal le maka , qui est un gros marteau-pilon (photo).
Les origines du Maka sont très anciennes. Les bâtiments ont été construits en 1500, date de la naissance de Charles Quint, à Gand. Cette date est attestée par un millésime grand format fait de chiffres en fer qui étaient sertis sous le chenal du toit de la façade de la halle à charbon de bois. Cette construction, très spacieuse, s’étendait parallélement au chemin allant vers Auby.
Tout d’abord, la forge et la fonderie sont les principales activités.
L’activité florissante des forges est assurée car le minerai et le charbon de bois se trouvent pratiquement sur place.
C’est en 1775 que le Français Hubert DEVILLEZ obtient, des chanoinesses du Saint Sépulcre de Bouillon, l’autorisation de détourner « les trois quarts de la moitié du ruisseau des Aleines pour faire fonctionner une platinerie ». L’utilisation de l’autre moitié du ruisseau fut négociée avec le prince de Loewenstein, seigneur d’Auby. DEVILLEZ s’installa donc au lieu-dit « le Prangeloux de la Ployonne », nom oublié depuis au profit de celui du « maka ».
En 1786, une platinerie y est installée. On y usine des pelles à charbon, des poêles et divers ustensiles en fer, à partir de l’affinage et du martelage de gueuses de fonte brute.
Tout à côté s’est installée une scierie. Une roue actionnée par l’énergie hydraulique entraînait une courroie qui, dans un double mouvement de bas en haut, animait l’appareil de sciage appelé le « haut – fer ». Il comportait 7 lames hautes de 2 mètres et épaisses de 5cm. Un ouvrier était chargé de mouiller constamment les montants de chêne pour empêcher l’échauffement.
Un mécanisme à crémaillère permettait de déposer les troncs destinés à être sciés sur deux rails situés sur le haut – fer.
Durant la seconde guerre, bien après la fermeture de la platinerie, la scierie fut remise en activité, faute de mieux.
En 1830, la platinerie appartiendra à la famille Devillez – Camion qui s’installera aussi peu après à Bouillon. Ce fut le berceau de la ferronnerie qui connût son heure de gloire dans le pays de Bouillon.
Jusqu’en 1902, l’acier y est élaboré à partir de mitraille de fonte dans un four appelé « feu comtois ».
Le métal y est forgé au Maka, en divers outils, surtout agricoles et forestiers.
En 1902, le four est éteint. L’usine est désaffectée en 1926 et totalement abandonnée.
C’est le père LETOCART*, d’Auby, qui ferma pour la dernière fois la porte du Maka.
Une majeure partie de l’outillage fut transférée dans les bâtiments de l’usine Devillez – Camion à Bouillon vers 1930-1931.
Le maka est toujours visible au Musée Ducal de Bouillon ainsi qu’un Christ de 1575 qui ornait un mur extérieur de la platinerie.
La masse hydraulique est exposée au Musée du Fer, à Liège.
Tous les bâtiments ont aujourd’hui disparu. Menaçant ruine, ils furent démantelés en 1977. Il n’en reste que la quiétude d’un magnifique paysage d’étangs, de cascades et de nature sauvage.
*Ce père LETOCART, de son prénom Auguste, descendait d’une longue lignée de platineurs qui commence par François, agriculteur à Tavaux (FR). Devenu veuf, il épouse en 1782 Catherine LEJEUNE, fille d’un platineur de Bouillon.
En 1783, ils ont un fils, Jean-Pierre, qui endosse aussi la profession et se marie en 1807 avec Joséphine MUNO, née à Givonne (FR), fille d’un platineur de Bouillon.
En 1825, lorsque que naît leur fils, Jules-Emile, ils sont installés à Lamoncelle, près de Bazeilles (FR).
En 1849, nous retrouvons Jules-Emile aux Hayons; marié à Marie HUBERT, il déclare la naissance d’Auguste; celui qui a fermé définitivement la porte de la platinerie. Un de ses fils, Fernand, a entretenu le site pendant un certain temps.
Dans les années ’30, la platinerie présentait déjà les signes de dégradation dus à l’abandon. La halle au charbon de bois était encore en bon état; sa charpente était remarquable. On disait que c’était les moines d’Orval qui l’avaient construite.