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La vie avant 1914

Un tour de cochons.

En 1694, le village de Les Hayons acquiert une parfaite neutralité. Cet état de fait va durer jusqu’en 1793; période durant laquelle les habitants ne seront soumis à aucun paiement de droits ni à aucune corvée, que ce soit en espèces ou en nature (voir sous-rubrique « des Gaulois à nos jours »).

Pourtant, en 1747, la longue trêve connue par ce petit Eldorado va être troublée, non pas par la Guerre de la vache, qu’on avait déjà connue jadis, mais par un troupeau de cochons.

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Les habitants de Fays-les-Veneurs s’étaient emparés de ce troupeau sur une partie du territoire dont les Hayonnais contestaient la propriété. Les gens des Hayons, en guise de représailles, enlevèrent donc plusieurs habitants de Fays et les menèrent, manu militari, dans les prisons de Sedan.

Heureusement, il se trouvait là un certain Monsieur de Creil, intendant de Metz, et qui était un homme honnête et de bon sens. Il fit relaxer les otages en contrepartie de la restitution des cochons à « ceux des Hayons »; à charge de donner caution en attendant la décision du juge.

 

Loi relative aux fers… venant du village des Hayons.

Le numéro 4 de la revue du Cercle d’Histoire de Bouillon nous offre le texte intégral d’une loi du 28 juillet 1791 relative à notre village et qui témoigne, une fois de plus, de l’importante activité des Forges du Maka.
Cette loi décrète un droit de passage sur les fers et fers usinés entre le village des Hayons (duché de Bouillon) et le royaume de France; et ceci dans les deux sens.
Sera toutefois exemptée la même quantité de vieux fers entrant que celle de fers platinés sortant.

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En voici le texte original:

LOI

Relative aux Fers & autres objets venant du Village des Hayons, Principauté de Sédan,
Donnée à Paris, le 28 juillet 1791.

LOUIS, par la grâce de Dieu & par la Loi conftitutionnelle de l’Etat, ROI DES FRANCOIS;
A tous préfents & à venir; SALUT.

L’Affemblée Nationale a décrété, & Nous voulons & ordonnons ce qui fuit :

Décret de l’Affemblée Nationale, du 23 Juillet 1791.

L’ASSEMBLEE NATIONALE, après avoir entendu le rapport de fon comité d’Agriculture & de commerce, décrète que les fers & autres objets qui pafferont du village des Hayons, fitué à trois lieues des frontières de la ci-devant principauté de Sédan, dans l’enceinte des barrières, & tout ce qui fortira du royaume pour ledit village, feront foumis aux droits et prohibitions réglés par la loi du quinze mars dernier, fans rien préjuger relativement à la fouveraineté fur ledit village

Permet cependant de faire fortir en exemption de droits, jufqu’au premier janvier mil fept cent quatre-vingt-treize, pour les fabriques dudit village, une quantité de vieux fers proportionnée à celle des fers platinés qui feront apportés defdites fabriques dans le royaume

Mandons et ordonnons à tous les Tribunaux; Corps adminiftratifs & Municipalités, que les préfents ils faffent tranfcrire fur leurs regiftres; lire, publier & afficher dans leurs refforts & départements refpectifs, & exécuter comme loi du Royaume. En foi de quoi le fceau de l’Etat a été appofé à fes préfentes. A Paris, le vingt-huit juillet mil fept cent quatre-vingt-onze.

En vertu des Décrets des 21 & 25 juin dernier : Pour le Roi. Signé, M. L. F. DU PORT.

Certifié conforme à l’original. Signé, M. L. F. DU PORT.

VU par le Directoire du Département de l’Ifère, la Loi ci-deffus.

Oui le Procureur-Général-Syndic.

LE DIRECTOIRE ordonne que ladite Loi sera tranfcrite fur les Regiftres du département, & fur ceux des Diftricts et Municipalités; imprimée, lue, publiée, affichée & exécutée dans toutes les Villes, paroiffes & Communautés du Département. A Grenoble, le fix Septembre mil fept cent quatre-vingt-onze. Signés, PUIS, Vice-Préfident, GAUTIER, Procureur-Général-Syndic.

DUPORT, Secretaire.

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A GRENOBLE
Chez J. M. CRUCHET, Imprimeur du Département de l’ Ifère.

 

Charte des privilèges.

Le 18 novembre 1791, le seigneur de Meldert, des Hayons et du ban de Bellevaux, Lambert de Duras, réactualise une charte datée du 15 mai 1628 par laquelle  les habitants des Hayons avaient l’autorisation de se pourvoir en bois dans les virées et essartages du lieu. Cette charte s’était petit à petit faite oublier à tel point que le pouvoir seigneurial se mit à octroyer des bois à des étrangers. Ceci entraîne de vives réclamations de la part des Hayonnais envers leur seigneur qui leur octroie à nouveau la totale jouissance de ces droits.

 

Chronique comptable d’une épicière en 1884.

Paul Godfrin nous a confié un livre de comptes d’un café-épicerie qui officiait où se trouve actuellement la maison de Marie Coulon, rue de la Semois.

Le registre est daté de 1884. La tenancière se nommait Célia Renaudin; elle était la grand-mère de Marie Lemasson (épouse de Jean Godfrin). On peut dire d’elle qu’elle possédait de très bonnes bases en français comme en calcul car les fautes y sont très peu nombreuses. Sur le haut de chaque page, numérotées une à une, elle a écrit en grand, dans un style calligraphié à la plume large, le nom de chacun de ses clients. Ceux-ci étaient du village ou venaient d’Auby ou de Fays-les-Veneurs. Nous n’en citerons ici que quelques noms : Hubert MARECHAL, Jean PICARD, Baptiste DUMAY, Victor NEMRY, Adolphe BODY, Léopold BODY, Gaspard, BODY, Théophile BODY, Emile LETOCART, Nicolas PIERRET, Simon ARNOULD, François DUMAY, Joseph TOUSSAINT, Gustave JACQUET, Alphonse DEMOULIN, Jean BODY, Jacques DAMIEN, Joséphine WANLIN, Hortense BIGONVILLE, la veuve VANGASSEN, la veuve BIARD, la veuve GROSFILS, Félicie BOUTON…

L’épicière note la date et la nature de l’achat. Elle note ensuite la somme due dans une première colonne et la somme payée dans une seconde colonne. Quelquefois, le client effectue un petit travail quelconque pour rembourser sa dette. L’épicière note alors : « Ai décompté sur somme due pour ouvrage fait : X francs. ».

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Il arrive aussi qu’elle prête de l’argent. Si une dette commence à peser trop lourd, elle fait signer un écrit au client dans lequel il s’engage à rembourser moyennant un intérêt de 5% l’an.

Curieusement, certains clients n’achètent que du pain, d’autres ne fréquentent l’établissement que pour y venir boire une ou deux petites gouttes. Un autre n’achète que des sabots ; on peut supposer qu’il les revendait ensuite.

Voici une liste longue mais intéressante des produits vendus en cette année 1884 qui témoigne du peu de luxe dont nos arrière arrière grands-parents disposaient.

Pour rappel, 1 euro d’aujourd’hui équivaut grosso-modo à 40 francs de l’époque.

Alimentation :

1 pain de 10 livres (5kilos) 1, 50 franc

1 pain de 5 livres 0,75 franc

1 livre de farine 0,16 franc

1 livre de café 1,00 franc

1 livre de lard 0,80 franc

1 fromage 0,50 franc

1 livre de beurre varie entre 0,75 et 0,90 franc

1 paquet de levure 0,15 franc

1 boîte de Nic-Nac 1, 25 franc

1 livre de chicorée 0,25 franc

1 bouteille de vinaigre d’1 litre 0,40 franc

1 livre de sucre 0,70 franc

1 livre de sucre candi 0,80 franc

½ litre d’huile d’olive 0,60 franc

1 œuf varie entre 0,05 et 0,08 franc

1 litre d’eau de vie 1,20 franc

1 chou vert 0,25 franc

1 bouteille de vin 1,00 franc

1 livre de confiture 0,60 franc

1 livre d’oignons 0,20 franc

1 livre de miel 1,00 franc

1 kilo de riz 0, 40 franc

1 litre de bière de table 0,20 franc

1 livre de sel 0,50 franc

1 litre de pois secs 0,35 franc

1 orange (vente rare) 0,10 franc

10 kilos de pommes de terre 0,70 franc

1 bouteille de champagne (vente rare) 6,00 francs

L’épicière vendait aussi des harengs fumés, les fameux « saurets ».

 

Linge et chaussures :

1 paire de chaussons fourrés 1,40 franc

1 pelote de laine 0,65 franc

1 essuie 0,50 franc

1 blouse 3,00 francs

1 paire de sabots de 0,35 à 0,80 selon la pointure

1 paire de lacets 0,05 franc

1 tablier 1,05 franc

1 mouchoir 0,60 franc

1 foulard 0,50 franc

On y trouvait aussi des robes, des chaussures, des paletots, jupons, rideaux, bas de femme et jarretières…

 

Produits d’entretien :

1 kilo de savon noir 0,40 franc

1 paquet d’amidon 0,10 franc

1 boîte de cirage 0,10 franc

1 brosse 0,35 franc

1 boîte de graisse 0,60 franc

 

Produits agricoles :

1 sac de son 9 francs

1sac de seigle 18 francs

1 pelote de corde 0,10 franc

 

Produits ménagers :

1 litre de pétrole 0,25 franc

1 verre de lampe à pétrole 0,35 et 0,50 franc, suivant la taille

1 tasse 0,20 franc

4 bougies 0,30 franc

2 boîtes d’allumettes 0,15 franc

On pouvait également se fournir en élastiques, poteries, pots de fleurs…

 

Produits de soin :

1 boîte de brillantine 0,10 franc

1 morceau de savon blanc 0,50 franc

 

Pour la couture :

1 paire de ciseaux 0,15 franc

1 jeu d’aiguilles 0,15 franc

Mais aussi des nœuds, agrafes, boutons, soie, fil, broches, lustrine…

 

Divers :

1 livre de tabac 0,60 franc

1 livre de clous 0,20 franc

1 jeu de cartes 0,20 franc

1 catéchisme 0,15 franc

Egalement des pipes et autres accessoires.

 

Au bistrot :

1 goutte 0,10 franc

1 chope 0,10 franc

 

Création d’une laiterie

Répondant aux besoins légitimes de tout cultivateur du village dans l’incapacité de se fournir en matériel nécessaire à la fabrication d’un beurre naturel de première qualité fut créée le 31 janvier 1910 la société coopérative « Laiterie de la Roche Percée » à Les Hayons.

Regroupant tous les cultivateurs demeurant et domiciliés à Les Hayons, cette coopérative a proposé à ses membres des titres nominatifs consistant en parts de 25 francs.
Elle a également établi des statuts ainsi qu’un réglement d’ordre intérieur.
Le Directeur en était Arsène GRAVELLE, secondé par un Président, Victor LEMASSON.

Cette laiterie était établie au tout début de la descente vers La Cornette, là où se trouve aujourd’hui la villa de Fernande BODY.

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